LE CHANVRE POUR ASSAINIR LES SOLS ?

Le chanvre serait-il la solution aux sols épuisés par l’agriculture intensive et à ceux contaminés par les produits chimiques ainsi que les produits radioactifs ? Alors que la pollution des sols est un sujet d’inquiétude croissant depuis plusieurs années, il semblerait que le chanvre offre une réponse adéquate à ce problème. Le chanvre planté sur un sol pollué permet d’empêcher qu’il soit encore plus contaminé et sert de filtre au sol. En effet, la plante va absorber la matière polluante et la décompose, ce qui nettoie les sols. Cependant, le chanvre ne permet pas seulement de nettoyer les sols: il leur redonne une seconde vie en restaurant les nutriments indispensables à la bonne santé du sol.

Dans les secteurs qui ont été pollués par les usines aux alentours, tel que Tantaro en Italie, un nouvel espoir est né. Vincenzo Marano et la famille ont pendant très longtemps produit de la ricotta et de la viande (leur élevage de moutons a atteint jusqu’à 600 spécimens) jusqu’à ce qu’en 2008, le gouvernement italien l’oblige à tuer l’ensemble des 600 moutons composant son troupeau suite à la découverte de dioxine dans la viande. Cette substance est toxique pour l’être humain et son exposition prolongée provoque une dégradation du système immunitaire, du système nerveux, du système endocrinien (il regroupe l’ensemble des organes produisant des hormones) et des troubles du système reproductif. L’abattage du troupeau représentait déjà une hécatombe pour cet éleveur et en plus de cela, ses champs dans lesquels son troupeau pâturait semblait être mort avec ses animaux. A qui la faute ? Certainement à la plus grande usine d’acier d’Europe, Ilva, qui se trouve à seulement quelques kilomètres de là et donc les rejetions chimiques sont toxiques pour la vie autour.

Le chanvre apparaît comme la solution inespérée à leurs pertes. En effet, le chanvre est une plante vasculaire (c’est-à-dire qui possède des racines et des vaisseaux qui assurent la circulation de la sève) permettant un processus appelé la phytoremédiation. C’est la dépollution des sols, des eaux usées, de l’air et par extension, de l’ensemble d’un écosystème par certains types de végétaux. Vincenzo Farano a donc décidé de planter du chanvre dans ses hectares de terres afin de pouvoir un jour réutiliser son sol.

Comment ça marche ?

Tout d’abord, il est important de savoir que la phytoremédiation s’opère de diverses façon.

Il y a en premier la phystostabilisation (tout en bas du schéma) qui permet uniquement de réduire la mobilité de la matière polluante par son absorption par les racines de la plante. Il existe ensuite la phytoextraction qui consiste à une absorption de la substance polluante qui est ensuite stockée dans ses parties récoltables comme les feuilles. Les plantes sont ensuite incinérées et les cendres sont traitées comme des déchets polluants. Il y a également la phytovolatilisation où les plantes absorbent l’eau contaminée qui est par la suite libérée par les feuilles. Enfin, il existe la phytodégradation (aussi appelée la phytotransformation) où la plante produit des enzymes qui vont accélérer la dégradation des substances toxiques absorbées.

C’est donc tout un processus entièrement naturel qui a pour vocation d’assainir un environnement pollué. Il est possible avec d’autres plantes également telles que les tournesols, le roseaux ou encore le colza. Pourquoi choisir le cannabis particulièrement ? Le chanvre est une plante très résistante, elle est capable de pousser dans les endroits les plus inhospitaliers où toute forme de vie semble avoir disparue. De plus, grâce à se propriété accumulatrice elle est capable du procédé de phytoextraction, expliqué un peu plus haut dans l’article.

La phytoremédiation est un processus qui a également utilisé afin d’essayer de décontaminer les alentours de la centrale nucléaire de Tchernobyl.

Pour vous faire un petit point d’histoire, le 26 avril 1986, la centrale Lénine du complexe nucléaire de la ville de Tchernobyl connaît un accident qui va engendrer une grave catastrophe nucléaire de niveau 7, soit le classement le plus élevé sur l’Echelle Internationale des Évènements Nucléaires. Cet accident monumental a eu et a toujours des conséquences sur l’environnement. Une zone d’exclusion de 30 kilomètres de diamètre autour de la centrale a été instauré à cause de la contamination radioactive trop forte pour que la vie puisse continuer.

Dès les années 1990, le chanvre  a été utilisé afin de tenter de nettoyer le sol entourant l’ancienne centrale nucléaire de sa radioactivité et de ses métaux polluants. Cela s’est fait notamment sous l’impulsion de Slavik Dushenov qui avait déclaré à l’époque: « Nous avons démontré à Tchernobyl que la phytoremédiation par le chanvre est une technique possible pour enlever des radionucléides contenus dans les sols lorsqu’on est en présence d’une large surface faiblement contaminée ».

Le chanvre a également été utilisé pour décontaminer la zone entourant Fukushima. Nouveau point histoire: le 11 mars 2011 commence au Japon un accident nucléaire qui va rejoindre l’accident nucléaire de Tchernobyl au niveau 7 du classement de l’Echelle Internationale des Évènements Nucléaires. Le 11 mars 2011 a lieu au Japon le plus puissant séisme jamais rencontré là-bas. Ce séisme provoque des dommages structurels à la centrale et entraîne un arrêt automatique des réacteurs en service et la mise en route d’un groupe électrogène de secours. Cependant, le séisme a entretemps occasionné un tsunami particulièrement violent (il a ravagé plus de 6OO km de côte et a détruit de nombreuses villes portuaires ou non) et endommage le groupe électrogène de secours qui tombe alors lui aussi en panne. La centrale n’étant plus alimentée en énergie, le système de refroidissement s’arrête ce qui provoque alors une fusion totale du coeur d’au moins deux des réacteurs de la centrale, c’est-à-dire que l’uranium, le plutonium et les produits de fission nucléaire ne pouvant plus être refroidis, surchauffent et fondent à l’intérieur du réacteur. Dans une centrale endommagée et extrêmement fragilisée comme celle de Fukushima, c’est particulièrement dangereux car cela provoque d’importants rejets de déchets radioactifs.

L’étendue de la contamination radioactive a été telle qu’il a fallu trouver une solution assez rapidement afin d’empêcher une contamination radioactive encore plus étendue. La culture de chanvre dans le but de phytoremédiation s’est présentée comme une solution mais le problème est que le cannabis est formellement interdit au Japon depuis 1948. En attendant une action du gouvernement japonais, les habitants de Fukushima ont planté des tournesols, plantes aussi capables de phytoremédiation.

Par son usage dans le cadre des catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima, le chanvre a prouvé sa capacité à agir contre la contamination des sols. Son usage ne se limite pas seulement à l’assainissement des sols. Effectivement, le chanvre peut être aussi utilisé comme récolte de jachère. C’est-à-dire qu’il a la capacité de revitaliser le sol après une culture intensive. On observe un rendement accru de 27% après qu’une culture de chanvre ait été effectué sur un sol car celle-ci permet de réinjecter de l’azote dans la terre, l’assainit en se débarrassant des mauvaises herbes, des maladies ainsi que des polluants.

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